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un mur à berlin
Comme un ami

Il me manque. Il me tarde d'être demain matin. Je sais déjà ce qu'il va faire. Il criera mon surnom dans le couloir, avant même que je n'ai eut le temps de le voir, ce surnom qui n'appartient qu'à nous, qu'il a inventé dans un moment de délire, et que j'ai adopté par auto dérision. Je sais déjà quels regards vont échanger les élèves dans le couloir, un brin perplexe. On se fera la bise, des rires dans les yeux comme à chaque fois, et on s'échangera d'élégants "putain, tu m'as manqué(e)".

 

Je l'ai rencontré en début d'année. Un voisin de TP, que j'ai entendu entonner une de mes chansons préférées. Moi qui me retourne. Un mot a suffit "Saez", pour sentir dans sa réaction, dans ses yeux, une amitié à naître. Comme un coup de foudre amical.

Inséparables depuis, avec les même délires, les même fous rire, la même gravité parfois.

Et pourtant si différents. Lui l'incurable coureur de jupon, qui flirte sans arrêt, car pour lui c'est sans conséquence, (si notre amitié tient la route c'est d'ailleurs que je suis une des seules filles à le rembarrer sans hésitation. Je le connais trop maintenant, et je tiens trop à notre amitié). Moi beaucoup moins sûre de moi dans ce domaine, plus effacée, qui s'en fout un peu.

Lui un peu cancre sur les bords, toujours à sortir, sur des coups de tête, moi plus 'sérieuse' d'apparence.

Lui souvent dans l'emphase, flirtant un peu avec le "show", moi plus effacée, comtemplative..

Et pourtant...

Tellement amis... Ces heures passées à discuter de notre vision du monde, de nos musiciens préférés, quelques bouquins, lui me harcelant pour que je lise "la vie devant soi", moi pour qu'il lise "l'écume des jours". Lui me disant "Jérôme Bosch", moi répondant "Soulages"...

Nos interminables discussions me manquent, lui me tannant pour que je télécharge et écoute enfin du tryo, cherchant à m'extorquer un nom de mec que j'aimerais, moi l'envoyant paître, lui ne voulant pas croire que je m'en fous, moi me foutant de lui à chaque fois qu'il se retourne, l'air extasié sur une fille qui passe (traverser ne serait ce que le lycée avec lui est un sport).

Nos délires aussi, que nous sommes les seuls à comprendre, comme cette rédaction d'anglais, dans laquelle j'avais arrangé une blague morbide qu'il m'avait raconté, et que j'avais dû lire en cours, nous deux écroulés de rire, dans un silence de mort, sous le regard mi consterné mi dépassé du prof et des élèves.

Tout me revient en mémoire. Lui délirant complètement, et moi m'efforçant de rester impavide, de copier mon cours, attitude ne faisant qu'augmenter son euphorie, jusqu'à que je craque. Ou l'inverse, certains jours.

Pour moi, notre amitié est à la fois comme une musique des Beatles, "yellow submarine", euphorisante, un kaléidoscope multicolore, et comme cette chanson "everybody hurts", ou ces chansons de saez, écorchées, qui sont nos hymnes, dans nos moments de déprime. Comme un éclat de rire, comme un sanglot. Nous n'avons, chacun à notre manière qu'un seul impératif, vivre, vivre avant tout, en flirtant un brin avec la mort, parfois, une recherche d'absolu.

Je crois que je n'ai jamais eut d'ami comme ça, de ceux qui vous comprennent au quart de tour, qui d'un regard savent ce qui arrive, ou sentent que vous allez mal. De ceux qui sont à vos côtés même quand ils ne sont pas là, de ceux avec qui tout paraît plus simple. De ceux dont vous savez qu'ils ont les mêmes déprimes, les mêmes doutes. Qui sont là sans l'être, au travers d'une chanson qu'on écoute dans le noir.

Ce soir, je souris seule devant mon ordi, en écoutant les Beatles. Je me sens bien, tellement mieux qu'il n'y a pas si longtemps. Et je sais qu'il n'y est pas pour rien.

J'ai peur que notre amitié ne meure, ne survive pas à l'année prochaine, à nos études différentes, à l'éloignement, nos évolutions personelles. Je crains qu'elle ne finisse comme un papillon, consumé, à force de chercher la lumière. Mais qu'importe, elle restera dans mon coeur comme une étoile filante, comme un feu d'artifice, comme ces points de lumière dans les ténèbres d'un tableau de Soulages, comme une musique dans la nuit, comme un éclat, de rire, de verre, quelquechose de lumineux et spontané.

Ecrit par Villys, le Dimanche 11 Mai 2003, 23:11 dans la rubrique "Cercle de bonheur".
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Commentaires :

Kohva
Kohva
11-05-03 à 23:44

Juste pour dire que ton article m'a beaucoup touchée, voilà, je sais pas pourquoi, je sais pas expliquer, mais il est très... vrai.

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exvag
exvag
11-05-03 à 23:50

Comme Kohva

Je ne sais pas trouver de mot pour saluer un si beau post.
La relation que tu as avec ton ami est magnifique, ça donne vraiment envie.


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Liv
Liv
12-05-03 à 01:47

Re: Comme Kohva

Oui pareil que eux deux... avec un si joli post, je ne sais pas si je peux te donner ton badge des chieuses du dimanche ?

Ton ami a de la chance de t'avoir, tout comme tu as la chance qu'il soit là... votre histoire est belle...


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Villys
Villys
12-05-03 à 22:27

Re: Re: Comme Kohva

Oui on a beaucoup de chance de s'être trouvés.

Mais avoir un ami ne m'empêche pas de faire la chieuse ralalala. (heureusement, lui, ça le fait rire).


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Liv
Liv
13-05-03 à 09:09

Re: Re: Re: Comme Kohva

Fopam' powaaaaaa !!!!

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Anonyme
17-10-04 à 07:02

Lien croisé

Villys' bolge : "es soirées sans souci. Je les ai baptisées comme cela il y a peu, et c'est effectivement la définition qui leur convient le mieux (surtout depuis que mon permis me permet de ne pas craindre toute la soirée d'être obligée de me faire ramener par un mec "déchiré").Parce que ça commence toujours par surprise, sur un coup de téléphone d'un ami, qui me supplie de venir. Et parce que c'est lui, parce que ce sont eux, parceque je suis en pédeux, j'y vais, sans hésiter. Parce qu'avec eux tout est bien, tout est neutre. Personne ne chante juste, mais tout le monde chante s'il le faut. Parce qu'on est bien entre nous, entre amis, entre amis d'amis, parce que je peux y aller sans me passer au scanner dans la glace avant de sortir, pa"

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Anonyme
17-10-04 à 17:10

Lien croisé

Villys' bolge - No soucy : "es soirées sans souci. Je les ai baptisées comme cela il y a peu, et c'est effectivement la définition qui leur convient le mieux (surtout depuis que mon permis me permet de ne pas craindre toute la soirée d'être obligée de me faire ramener par un mec "déchiré").Parce que ça commence toujours par surprise, sur un coup de téléphone d'un ami, qui me supplie de venir. Et parce que c'est lui, parce que ce sont eux, parceque je suis en pédeux, j'y vais, sans hésiter. Parce qu'avec eux tout est bien, tout est neutre. Personne ne chante juste, mais tout le monde chante s'il le faut (et même s'il ne le faut pas). Parce qu'on est bien entre nous, entre amis, entre amis d'amis, parce que je peux y aller sans me passer au scanner dan"

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