Tout a commencé quand le van a démarré. Ouais, mais non... C'est pas une histoire de van qui démarre...
En fait si, tout a commencé là.
Evidemment, avant, il y avait eut l'inscription, les préparatifs, le voyage en train (cinq heures dans un compartiment avec trois ptites vieilles radotantes, un jeune couple avec son chien (source de radotage pour les vieilles), l'horreur à l'état pur). Avant il y avait eut les doutes, les est ce que j'ai vraiment raison de faire ça, parce que quand même, j'suis pas la fille la plus sociable au monde, etc.
Mais en fait, ça a vraiment démarré là dans ce van. Il est vieux, les amortisseurs en ont déjà vu de belles, au vu des secousses. Il est peint en bleu, avec le nom et les coordonnées de l'assos', sur les côtés. Je suis assise à l'avant, à côté de moi, le conducteur, un volontaire espagnol, derrière moi, quelques autres bénévoles, diverses nationalités, dont je m'efforce de retrouver le nom (il y a eut les présentations à la gare, quinze noms balancés à toute allure, dont la moitié imprononcables). Au bout de cent mêtres, on se rend compte que les portes arrières sont ouvertes et les sacs dans un équilibre précaire. Joyeux bordel. L'ambiance est posée. Et en regardant défiler les champs brûlés par le soleil, dans ce van qui nous emmène vers le petit village paumé d'auvergne, je me détents un peu.
Ensuite, c'est l'arrivée, l'installation, les matelas tous en cercle au milieu de la petite salle des fêtes, la découverte du tuyau de gaz périmé, et de la petite fuite mais qu'est pas grave comme dira après l'employé municipal, avant de nous changer le tuyau, la préparation du premier repas, forcément des pâtes, et forcément collantes, la recherche du camping et des douches, à un petit kilomètre, qui aura l'air de moins en moins petit au fil des matins et de l'accumulation de la fatigue.
Et puis il ya la première nuit, le réveil d'une coréenne, qui sonne à deux heures du matin (resté à l'heure coréene), et qui réveille tout le monde, sauf la coréenne en question, le courageux qui se lève pour aller la secouer, et lui demander d'éteindre ce putain de réveil.
Et puis le premier matin, le réveil à la bourre, le repérage des lieux et des travaux, la première corvée de bouffe/ménage, pour ceux qui se sont portés volontaires pour le lundi...
Ensuite, toutes ces matinées passées à débroussailler, dans les orties jusqu'à la taille, le coup de faux/serpette/rateau... jouissif, qui terrasse quelques ennemis, les griffures de ronces plein les jambes et les bras, car je fus la seule volontaire pour achever ce buisson de ronces sèches, les coups de soleil, la chaleur, les boissons qu'on a oublié au camp, la petite vieille qui nous aporte de l'orangina, les deux glandeurs exaspérants.
Le plaisir à la fin de la matiné, d'avoir mal au bras, oui, mais surtout d'avoir remis à nu un muret moyenâgeux.
Toutes ces aprem' aussi, beaucoup à glander (pas de véhicule, village perdu...), un peu à se promener, une à faire une mémorable sortie en canoë (ou comment passer beaucoup plus de temps que prévu à faire une ballade, pour cause de chavirages provoqués, batailles d'eau, vols de pagaie...), un peu à visiter aussi.
Les relations entre le groupe aussi, qui se soude très vite, et c'est nouveau pour moi, jamais, auparavant, dans un "camp" je m'étais sentie aussi à l'aise... Sans doute parce que les personnes qui viennent ont au moins en commun une certaine volonté qui les pousse à venir sur un chantier, plutôt que lézarder sur les plages...
Les discussions interminables, la découverte des autres, de leur culture, de leur façon de vivre, d'eux mêmes.
Les quelques engeulades, aussi, parcequ'il en faut bien, notamment moi avec le camp leader. Très comique à postériori.
Aussi cette fille avec qui je me suis liée d'amitié, qui, je pense, restera, parceque c'était comme une évidence, parcequ'on s'est tout de suite comprises à demi mot, parcequ'on avait le même type de caractère, le même humour.
Et puis tout ces petits détails aussi qui resteront, le tic "rire nerveux" d'une coréenne, son envie d'apprendre le français, la poussant à nous répêter quinze fois par jour ses nouvelles connaissances Je me suis brossé les dents... eh eh regarde, jé me suis brossé les dents ! les matins où, étant de corvée de cuisine/ménage, on peut dormir, car dispensé de chantier, alors on se roule en boule sous son duvet (enfin s'était ma technique), pour étourrer la rumeur des autres qui se lèvent, les pas traînants et exaspérants de certaines, le café qui se prépare, en essuyant quelques vannes au passage "bah alors la clodo, on a pas trouvé mieux pour dormir ?" (parceque vu de l'extérieur, un truc informe en boule sous son sac de couchage, ça fait très... clodo roumaine faisant la manche pour son chien paraplégique)... Les jours, où, de corvée de cuisine/ménage, on se retrouve à faire la vaisselle, avec Eiffel à fond derrière, en hurlant à moitié Les éclairs de tes yeux crachent à l'infini, sous les yeux ébahis de sa partenaire coréenne. Faire la bouffe pour quinze, en ayant l'impression que tout va cramer et que tout va être dégeu, apprendre à faire des plats coréens, japonais, turcs....
Les weeks ends, lever à 11h, déjeuner à 3h, dîner à 9h, parcequ'épuisés par le rythme minuit-1h, lever 6h30-7h, de la semaine, parcequ'il fallait être à 8h sur le chantier...
Brefs ces miliers de petits instants qui restent en mémoire et qui sont durs, durs à retranscrire ici...
Et puis tout d'un coup, sans qu'on l'ait vu venir, c'est l'avant dernier soir.. Alors on fait la fête, on boît, plus ou moins selon les gens, on initie les coréennes au principe de la tequilla paf, on danse sur les tables, au son de la disco la plus pourrie qui soit (notre chaine hifi et les k7 furent achetées à la brocante du coin), et puis avec deux autres filles, parce que l'estomac est un peu barbouillé, et que s'allonger n'est pas une bonne idée, jouer au Uno, jusqu'à 5h du matin, regarder les étoiles s'éteindre une à une, puis aller se coucher.... Et, pour ma part, dormir deux heures, car tôt le lendemain matin un volontaire s'en allait, déjà, me réveillant au passage..
Soudain, c'est le dernier soir, on a préparé un super repas international, auquel les gens du coin sont conviés, et après leur départ, on ne veut pas aller se coucher, on remet la musique, on discute... On sait que le réveil est à 6h le lendemain, les coordinateurs, venus dormir chez nous, afin de fermer le chantier tôt le matin nous l'ont dit lever 6h pour ménage, mais on ne peut se résigner à dormir. Alors, finalement, on passe tous une nuit blanche (sauf les deux coordinateurs, qui dormaient, envers et contre tout, dans un coin), et à 5h30, musique à fond, et tout le monde nettoie, brique, vaisselle, et balaye. Et, lorsqu'à 6h, c'est nous qui réveillons les coordinateurs (qui pensaient avoir à nous tirer par les pieds pour nous pousser à nettoyer), et que tout le monde nettoie encore, on ne peut tirer d'eux qu'un vague mais c'est des fous, ils sont fous sur ce chantier ensommeillé.
Et soudain, tout s'accélère, on est devant la gare, on fait nos adieux à notre "camp leader", qui s'en va, puis à un autre volontaire qui ne prend pas le même train que nous, et à deux coréennes qui s'en vont en voiture. Soudain, nous sommes dans le train, cherchant laborieusement quelques places assises pour tout le monde, la fatigue se fait sentir, quelques instants de sommeil volés, quelques dernières vannes, discussions, délires. Et d'un coup, il pleut, il fait plus froid, on arrive à Paris. Les visages sont longs, tristes et fatigués, c'est les derniers adieux, les larmes qui coulent et se mêlent à la pluie, et chacun s'en retourne, chez soi ou à l'hôtel, seul, des souvenirs plein la tête, et un blues indescriptible chevillé au coeur, car un petit quelque chose est mort, au bout de ce quai, et que maintenant chacun doit recommencer à vivre sans les autres.
(c'est un post sans doute très bordélique, et infidèle à la réalité, mais il est très dur de résumer tout ça, surtout que je subis encore la petite déprime qui est le contrecoup de l'ambiance géniale de ce camp, mécépagrave'. Et merci à ceux qui ont eut le courage de tout lire (et les autres, bah, euh, je comprends qu'ils s'en tapent un peu...))
Commentaires :
Ben moi j'ai tout lu, et je suis contente pour toi que ça se soit aussi bien passé. Tu sais maintenant que tu n'es plus contrainte de finir tes jours dans une maison remplie de chats... oui, tu peux être sociable !!!! Merveilleux, non ?
Je dis plus grand chose chez les membres de la fopam' mais je lis le plus souvent que je peux, j'aime bien prendre de vos nouvelles... et là en voyant ton si long et joli article sans aucun commentaire, j'ai senti, en tant que colonel (un peu démissionnaire je dois l'avouer...) qu'il était de mon devoir d'ouvrir la voie au autres.
Alors voilà, bon retour parmi nous villys (et pis si tu veux je te laisserais désherber mon jardin... même que je peux planter des ronces spécialement pour toi ) !!!
Re:
oh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii des rooooooooooooooooooncesss
*bave bave*
Merci liv de cette délicate attention.
*nyeux injectés de sang*
rooonces
(et contente d'avoir des nouvelles de toi, la plus über des colonelles)
Re:
Bah euh... oué... :)
Sauf que c'est pas moi qui était spécialement pas asociable, c'est les autres qui étaient pas asociabilisants.
M'enfin ça revient au même : c'est bien.
(si vous me suivez...)
Le pays du matin calme.
Attends, ca fait trois semaines que l'on avait rien à se mettre sous la dent!
Imagine ceux qui ont rafraîchi ton site toutes les demi-heures* depuis trois semaines en se demandant quand aurait lieu le prochain article...
Ton article, on l'a dévoré!
* bon, tous les jours**
** d'accord, tous les jours pendant trois jours, une fois par semaine après.***
*** Tu remarqueras qu'ils sont très cons, il ont même pas regardé combien de temps tu devais t'absenter histoire de revenir au bon moment.
Re: Le pays du matin calme.
arf, bah euh merci. je... arf... *blush*.
M'enfin. Pauv' lecteurs.
Ont voit bien que certains ne regardent que les images, hein. Parceque j'avais fait gaffe à préciser quand je revenais et tout.
Merde, moi qui croyait avoir un public un minimum cultivé... pfff
l'an prochain j'y vais :) et peut-être que comme ça en plus je serais dispensée des vacances avec les parents ;oP
euh... tu me fileras les zadresses d'assoc' machin-tout-ça, heeinn :)
arf et euh... il faut avoir 18ans révolus, pour ce machintruc? [d'où l'intérêt d'être née en aout -_-]
valà. uhuh, cré zenvie d'y aller, si les gens ne sont pas associabilisant, ça se trouve même moi je pourrai ne-pas-être-associale, uhuh... :)
Re:
Re: Re:
on ira au mêêême alors? ;oP
comme ça si on se supporte paaaas, on aura quand même à se supporter pdt qqs semaines, et ensuite on aura à s'éviter sur interneeet ^^
Re: Re: Re: Re:
bah j'ai une hache de buche de nowel, je préviens :)
et euh je me sers des ventilos comme de bazooka, qd je danse pas des slows avec.
uhuh, choisis tes zarmes, et que la force soit avec toi
Re: Re: Re: Re: Re:
Je fais ça moi-même, s'il vous plait, je peux te donner des baffes jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ou empoisonner la n ourriture lorsque ce sera mon tour de faire la cuisine (ce qui reviendrait à tuer tout le monde mais c'est ...accessoire. Et si la police me demande mon motif, je répondrais "Nanne était vraiment très asociabilisante".)
Re: Re: Re: Re: Re: Re:
pis d'abord m'en fous, j'ai des joues, pour tes baffes, tralala pouet pouet!
hum, pour empoisonner la nourriture... je crois pas que tu auras besoin de le faire :) après des années, je sais toujours pas si on doit mettre de l'huile ou de la margarine pour faire chauffer des patates... bon, c pas grave, ça. mais en fait, bah ça traduit que je suis nulle en cuisine :) [à part pour la pizza surgelée, là je suis la meilleure si ça gêne personne de l'avoir cramée :)]
Lili-la-tigresse
Moi j'ai tout lu et j'ai été zémute...
LiLi