A chaque fois que mes yeux se posent sur ce CD, et sur le mini disc qui va avec, je me dis que je ferai mieux de donner le CD à quelqu'un et que je ferai mieux d'effacer le minidisc. Parce que je ne peux plus les écouter.
Mais je les garde quand même, sans pouvoir m'expliquer vraiment pourquoi.
C'est étrange comme certains moments de vie peuvent, dans un souvenir, être liés à une musique.

Je ne peux plus écouter ce CD. Parce que les sentiments qui s'y rattachent restent trop violents, trop vifs encore. Parce qu'elle, l'écoutait sans cesse. Parce que je lui avais prêté le minidisc et son lecteur, le Soir Ecarlate, et qu'elle s'est ouvert les veines sur ces chansons. Parce qu'elle m'a demandé, alors qu'on parlait, à l'hôpital, 'tu penseras à moi, en écoutant cette chanson ?'.
Oh oui. D'ailleurs je n'ai pas besoin d'une chanson pour le faire.
Mais je ne peux plus écouter ce disque.
Et pourtant, il reste là...
Je ne sais pas pourquoi.
peut être pour me rappeller
la chance que j'ai...

Il y a un autre cd, que Be, écoutait sans cesse (bien sûr il a fallut que je trouve un prétexte pour parler de lui... (ridicule)). Et qui passait dans sa voiture, pratiquement à chaque fois que j'y étais. Un fond sonore sur lequel on a rit. Un fond sonore surlequel on l'a emmenée à l'hôpital, même si on avait à peine conscience de la musique, à ce moment là, parceque c'était un peu surréaliste d'entendre une telle gaieté dans certains morceaux qui perçait parfois audelà d'un sanglot. un fond sonore surlequel on est revenus de l'hôpital, et cette fois ci, on en avait une conscience extrème, parce que la musique empêchait de penser, parce que se concentrer sur la musique aidait à maintenir les larmes à distance, un peu.
C'est étrange d'avoir des souvenirs aussi contrastés qui se raccrochent à une même musique... Quand je réécoute cet album, je pense à lui, inévitablement, et en même temps à ce soir là.

Comme deux extrèmes inséparables, du rire et des larmes, du tendre et de la souffrance, du doux et de l'amer.

C'est doux et c'est triste, c'est gai et c'est dur.

Je crois que quelque part, c'est une belle illustration de la vie. Des émotions qui s'entrechoquent et qui bousculent, sans qu'on puisse crier PAUSE, (parce que, oui, quand même, on est pas dans eXistenZ), avec l'impression de courir derrière à en perdre haleine, sans jamais reprendre son souffle.

Alors, même si je ne peux pas écouter le premier, celui qu'elle écoutait, parceque seuls du noir, de l'amer et des éclats de métal s'y rattachent, sans étoiles pour les éclairer, je le laisse trainer sur une étagère.. et je continue d'écouter l'album qu'il écoutait, même s'il est aussi, intimement lié à ce soir là.

Parce que des émotions s'y battent, du rire et des larmes mélangés, et c'est peut être la meilleure définition de la vie, de tout ça.

[En fait, je me sens bien]