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un mur à berlin
La vie comme elle s'en va.

J'ai passé une semaine étrange, suspendue, ma fatigue et ma lassitude alimentant une certaine forme de mélancolie.
J'ai beaucoup regardé en arrière, au delà de ces cinq mois vides, certaines choses m'ont étonnament émue, aussi. 
Des sentiments doux amer, mais dont j'étais heureuse, car ils me tiraient de cette morne habitude qui s'était installée, ce semblant d'anesthésie, de monotonie, qui semblait engourdir mes sens depuis... Depuis quand déjà ?
Je suis heureuse de ressentir encore, c'est donc que j'existe toujours.

J'ai vu un documentaire magnifique sur Arte, mardi. Au delà de la Haine, ou un titre de ce genre.
En Israël, un jeune juif écossais qui était venu faire des études religieuses, pendant deux ans, avec son cousin, avant de commencer sa médecine, est mort dans un attentat suicide. Ses parents après quelques hésitations, et consultation des rabbins, ont accepté de donner ses organes.. Et un de ses reins est allé... à une petite palestinienne.
L'histoire belle, très symbolique, avait attiré les médias. Et c'est un peu ce symbole qui avait retenu mon attention, et qui m'avait poussé à le regarder, l'histoire et la description de la personnalité du jeune homme, sans doute aussi, on le décrivait altruiste et sa volonté d'être médecin... ces détails qui m'ont attirée devant mon poste de télé
Et au final, ce qui m'a ému n'était pas vraiment là. C'est une des personnes interwievée, sans doute la plus présente à l'écran, son cousin. J'ai du mal à définir pourquoi, exactement, pourquoi il m'a marquée à ce point...

Il avait un regard très clair et très lucide, il parlait en phrases sobres de son cousin, de l'attentat, de ses questions. Il y avait dans ses yeux comme une blessure, comme un éclair désemparé, qui m'ont touchée sans que je puisse réellement l'expliquer.
Il avait une très belle lecture de la vie, une sorte d'intelligence et de réflexion, rare, trop rare.
Sa douleur perçait l'écran sans en devenir obscène, comme une lame de fond, sourde mais omniprésente, il me semblait que tout son être par moments, criait l'incompréhension et la douleur de la perte.
Un très beau plan le montrait, au bord d'un chemin surmontant une vallée, sa chemise était bousculée par le vent comme il semblait l'être par la vie, et on le voyait regarder d'un côté, puis de l'autre, se retourner, et scruter au loin, comme s'il cherchait encore le disparu sur ses pas.
Puis dans un bus, expliquant doucement, que d'habitude il évitait de les prendre, mais que pour aller de sa yeshiva jusqu'en ville, il n'avait pas le choix... alors... Il expliquait qu'avant, juste après l'attentat, il épiait tout le monde la peur au ventre. Avant d'assurer, mais je vais bien. Je vais bien. Deux fois, comme pour s'en persuader lui même.
Et au delà de certains de ses sourires on devinait une émotion à fleur de peau

J'aimerai être moins fatiguée, avoir le cerveau moins engourdi et moins abruti, pour trouver les mots justes pour parler de cette personne, de ce qui m'avait tant touché, ou du moins, essayer de comprendre.
Peut être parcequ'il dégageait ce que j'aimerai rencontrer plus souvent, une grande humanité, une belle vision des choses. Peut être parce que son émotion et son désarroi transperçaient la caméra, sans jamais être surfaite, peut être aussi sa volonté d'aller de l'avant. Chercher non pas une explication, mais à comprendre et à vivre. On le voyait expliquer calmement pourquoi le don d'organe faisait débat, parler des divers passages du Thalmud, chercher encore, expliquer, comme s'il cherchait à s'expliquer à lui même, et à comprendre ce que cela avait changé en lui, quel était ce vide, cette abscence.
Il dégageait une certaine sérénité, malgré tout, il avait joliment tourné son émotion comme un moteur et non comme une rancoeur.
C'est tout cela, ces choses qu'il dégageait et que je suis, à mon grand dépit, bien en peine de décrire, qui m'a tant émue.
Voir quelque chose qu'on aimerai trouver plus souvent... de l'humanité et de l'émotion, sans surcharge, simplement.

Je me suis souvenue d'un soir d'été, à Malte, alors que je venais de passer plusieurs heures à discuter avec une amie et un jeune professeur d'anglais, en anglais, ce prof' m'avait fait un très beau compliment.
C'était l'été 2002, et nous avions eut de ces discussions comme on en a rarement, de celles qui comptent et qui vous marquent longtemps, qui surviennent le soir, et se poursuivent au coeur de la nuit, souvent avec des demi inconnus, ces discussions où l'on abandonne les clichés et sa coquille pour parler, vraiment.
On avait parlé des élections, évidemment, j'avais parlé de ma révolte, on avait échangé nos idées et parlé de nos rêves.
Et puis, la soirée était morte à petit feu, il se faisait tard, mais nous ne voulions pas partir, car nous savions que jamais nous nous reverions, et nous laissions agoniser les derniers instants de ce moment privilégié.
Il m'a alors fait ce magnifique compliment, que j'avais trouvé disproportionné, mais qui m'avait fait sourire Tu sais c'est réconfortant de savoir qu'il existe des gens comme toi dans le monde,, qui ont cette inteligence, ce regard sur le monde. Je dormirai mieux ce soir, en sachant que tu existes.
Mardi, j'ai repensé à cette phrase, et d'une certaine façon elle résume un peu ce que je ressens vis à vis de ce que dégagait ce documentaire, parce que j'aurai pu la prononcer. Parcequ'il y avait dans ce que j'ai ressenti devant ma télé, et dans cette soirée enchantée comme quelque chose en commun, ce lien privilégié qui se révèle parfois, lorsque les discussions vont au de là des banalités, et se font à coeur ouvert. De l'humanité, une grande sensibilité, et de l'émotion.

Un post de tchii aussi, m'a beaucoup touchée, sans que je puisse trop définir pourquoi. Ses mots sobres et beaux pour parler de son amie et du grand père de son amie. Sans doute parce qu'il éveillait quelques échos déjà lointains..
Mon grand père est mort en riant, du moins c'est l'image que j'en garde, il est mort d'un de ces cancers que l'on détecte trop tard et contre lesquels on ne peut rien, sauf des opérations de la dernière chance qui n'en sont pas vraiment.
Et la dernière image qu'il m'aie laissé est, la veille d'une de ces opérations, lui, dans son lit d'hôpital, les joues creuses, m'affirmant très sérieusement que le thermomètre bucal était délicieux à sucer, parceque les infirmières le sucraient, mais surtout, surtout, cette phrase qu'il a lancée comme un défi, les yeux pétillants, sans la moindre amertume 
De toute façons, cette fois, ça passe ou ça trépasse, puis il a rit, d'un rire simple et lumineux.
Il est mort quelques jours plus tard.
J'avais onze ans, et il m'avait arraché un rire infiniment amer.
Mais je crois qu'au final, c'est une très belle leçon devie qu'il m'a donnée, aller de l'avant et accepter. Et surtout, continuer d'en rire. Parce que sa dignité était là, dans le refus de l'autoapitoiement, des larmes inutiles.

Je devrais m'en souvenir un peu plus, moins geindre, et me souvenir de toutes ces choses.
Me souvenir, de ces moments privilégiés, de ces gens qui existent mais qu'on ne voit pas toujours, qui ont cette sensibilité et cette humanité au fond d'eux. Il faut juste les trouver, ou savoir les voir au delà d'eux même, savoir trouver le bon moment.
Je devrais m'en souvenir, et construire ma vie sur un rire, ces belles lectures de la vie, ces visions des choses, et de l'humanité.
Ou au moins essayer. Parce que c'est ainsi que la vie vaut la peine d'être vécue.

Ecrit par Villys, le Samedi 24 Janvier 2004, 22:21 dans la rubrique "Cercle de bonheur".
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