Je pensais que la malédiction était levée. Qu'elle était partie, pas bien loin remarquez, mais qu'elle était partie quand même.
Je pensais que ma maladresse, (ou le syndrome de la deumeurée qui a trop de mains et de doigts pour arriver à tous les gérer, au choix), je l'avais refilée aux autres. Comme si je dégageais une sorte d'aura, comme si j'étais dans l'oeuil du cyclone, et qu'autour de moi tout n'était que chaos, désordre et maladresse.
La victoire était malgré tout toute relative car l'aura/cyclone n'avait pas une grande portée. Je m'étais débarassée de ma maladresse. Bien. Mais sur le dos de mes voisins immédiats. Moins bien. Car à La Fuck en amphi hyper bondé, parler de "voisin immédiat" c'est manier l'euphémisme avec bonheur.
Résultats des courses :
- Un voisin de derrière victime de la malédiction renverse sa bouteille d'eau : une inondation pour mon sac et mes chaussures.
- Une voisine de derrière victime de la malédiction : sucessivement, un stylo, un "stylo quatre couleurs", puis, étourdissant crescendo, une trousse, qui m'atterissent dans le dos. Quand on est penchée pour écrire, ceuillir de façon inattendue n'importequel objet sur sa moelle épinière, c'est moyen. En tout cas ça fait sursauter. (Pour la plus grande joie des voisins).
- Un voisin de je ne sais plus où qui, lance son avion en papier (format géant car réalisé avec un poster cartonné) pour un survol de notre amphi. Après un bon mètre de vol sans incident notable, zone de turbulences intenses (traduisez : son oeuvre s'est déchirée), et paf l'avion. Et paf villys, sous le poids du volatil.
- Je vous épargne la suite, mais en général, c'est folklo.
Bref. Ca me retombait systématiquement dessus au final, mais au moins, j'avais tout le loisir de m'autocongratuler, in petto, pour ne pas avoir été le/la maladroite à l'origine de l'incident. C'était nouveau pour moi et ça compensait tout, les chaussettes mouillées, les sursauts involontaires, et tout le reste. Tout vous dis je. C'est beau d'avoir une conscience sans tâches.
Ce matin, tous mes rêves se sont écroulés. Alors que j'étais assise en bout de rangée, encore dans mes rêves du matin, musique dans les oreilles et sac, lecteur minidisc, veste, et pile de polys' sur les genoux, feuilletant vaguement les polys en question, un brave garçon désire passer, afin d'avoir une place plus loin dans la rangée.
Je me lève donc avant de me rendre compte que je n'ai pas assez de mains pour retenir un sac, un lecteur de minidisc et une veste et une pile de polys.
J'essaie malgré tout. Je sauve le sac, le lecteur. Je pose en catastrophe la veste sur la table. Je vois les mains du brave garçon en question qui hésitent un peu, se demandent que faire, mais trop tard, un premier fascicule de poly m'a déjà échappé et s'écrase sur le sol. "ah merde". Le garçon rit, se penche pour ramasser, s'excuse, se relève, me tend le poly' et à cet instant ce qui devait arriver arriva, la pile de poly toute entière obéit à la loi de gravitation (après tout elle est universelle) et s'égaille joyeusement sur le sol.
Re-rire, re-ramassage de polys, re-excuses. J'ai à peine le temps de me pencher pour l'aider à ramasser, car assurer la stabilité du reste de mes affaires requiert une bonne partie de mon attention.
C'est pas grave il est gentil, il rit, il comprend qu'il faut sans doute pas trop m'en demander à 8h du mat'. Je me confonds en excuses, et rit de bon coeur avec lui.
N'empêche je suis déçue. Ma maladresse est revenue puissance mille. Et c'est quand même sur moi que ça retombe. Et j'ai quand même reçut un stylo dans le dos, pendant le cours de bio moléculaire.
Ya pas de justice.
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misschococat