J'avais fait un autre article, pour parler de ces phrases qui déstabilisent, pour dire qu'un jour je serai forte. Et puis dès les premières lignes j'avais dérivé vers cela.
C'est l'inertie du malheur, (la formule n'est pas de moi), on ressasse toujours les mêmes choses.
Les nerfs lâchent, un peu.
Quand les nerfs lâchent ce ne sont que les choses les plus moches qui remontent, la lie noire des souvenirs qu'on aimerai enfouir, étouffer, alors que ce sont eux qui nous étouffent.
Quand le jour viendra où je ne serai plus à fleur de peau, si facilement destabilisable, où j'aurai réellement tiré un trait, peut être que toutes cette noirceur s'estompera.
Je ne pleurerai plus, de pleurs silencieux et fatigués, recrequovillée sous le jet brulant de la douche, les murs de la salle de bain s'eloignant doucement brouillés par la vapeur et quelques larmes.
Quand ce jour viendra je n'aurai plus envie de lui hurler, lui cracher à la figure tu ne m'atteins plus et je me fous de toi, certains soirs, lorsqu'il rentre à la maison pour une permission. Je n'aurai plus envie parce que ce jour là, ce sera vrai, enfin, il ne m'atteindra plus.
Il n'est pas là, ce soir, il était là, l'autre week end. Mais les souvenirs sont là, les impressions fugaces surlesquelles ma mémoire rippe encore, tentative dérisoire pour ne pas y sombrer, mais finalement y revient toujours, comme autour de ces gouffres qui attirent le regard, au dessus desquels on revient sans cesse se pencher, malgré l'effroi qui saisit, à chaque regard. C'est peut être ça, l'inertie, y revenir, sans cesse, sans cesse.
Quand ce jour viendra, je pourrai l'écouter sans sourciller parler de sa formation militaire, et surtout surtout de l'entrainement au tir. Je pourrai regarder la fascination dans ses yeux lorsqu'il déblaterrera sur le calibre des armes et des balles sans frémir, je n'aurai pas besoin d'hurler mentalement Des armes, des chouettes, des brillantes... de me concentrer sur chaque mot, sur une voix bien plus belle, qui murmure des armes ou déraille un peu sur les écorchés, et les sombres héros de l'amer : (certains nageaient sous les lignes de flottaison intime à l'intérieur des foules... always... lost... in the sea...) pour ne plus l'entendre lui lui lui.
(J'imagine, que, dans l'absolu, une certaine fascination pour quelquechose de si... destructeur... est normale. Mais vis à vis de lui, cela me renvoie trop d'échos pour que je ne frémisse pas.). Non, un jour je n'en n'aurai plus besoin, je n'aurai plus besoin de me lever de table pour m'enfermer dans ma chambre, de peur d'une explosion, qu'ils n'auraient pas comprise, qui nous auraient renvoyés (et moi la première), à ces vieux clichés établis par mes parents dépassés, moi, l'hystérique, la commédienne, et lui, mon frère, certes un peu cruel, mais innocent.
Quelque chose en moi lui en veut, lui en veut de si bien avoir oublié tout ça, occulté tout ça, de n'avoir jamais réalisé sans doute, alors que je me bats encore avec, parfois.
J'ai (encore), l'impression d'être injuste avec lui.
Dédramatisons, je ne suis qu'une p1, avec les nerfs à fleur de peau, une p1 qui fait sa "déprime de novembre" un peu en retard.
Les nerfs lâchent. Mais je serai plus forte qu'eux. Lorsqie ces souvenirs se conjugaient au présent, je tenais en me projettant dans un avenir que je vis maintenant. Alors je ne me pardonnerai pas de me trahir à cause d'eux.
Commentaires :
exvag
Tu ne te trahira pas, tu sera forte et tu l'aura ta P1.
J'espère que dans le futur tu ne sera pas complètement "inatteindrable" mais que tu auras juste la carapace qu'il faut pour résister à ...
Ne deviens pas un roc, ne deviens même pas un ours.